AMNESTY INTERNATIONAL  Section Française
Groupe 109 - Vallée de Chevreuse

 Maison des Associations  -  7, Avenue du Maréchal Foch - 91400 ORSAY



DIVERSES ARCHIVES DU GROUPE

Hommage à Jacques Duranton, et à son épouse Denyse, membres du groupe depuis 1982
rendu le 7 juillet 2014 à l'église de Bures-sur-Yvette, lors des obsèques




Au nom de tous les membres de notre groupe Amnesty International, merci de nous donner ici l'occasion de vous dire combien la nouvelle du départ de notre ami Jacques bouleverse ses anciens compagnons de route.

Au sein de notre groupe aussi, Jacques répandait le bonheur, vivant dans la joie et l’altruisme, tenace dans ses engagements, avec un sens de l’humour réjouissant. Pour nous, les anciens du groupe AI, il était, avec Denyse sa compagne tant aimée, comme un pilier de sagesse, de disponibilité, de gentillesse. Jacques et Denyse ont investi tant de forces, de constance et tout leur coeur, pour faire avancer la cause des droits humains, ici et ailleurs.

Nous reviennent en mémoire toutes ces actions menées avec eux : les manifestations, les stands, les chasses aux signatures pour les pétitions, les expositions, les spectacles et autres concerts, les réunions chaleureuses – mais toujours militantes bien sûr ! - dans l'appartement de Bures, les conférences, projections de films, ventes de produits en fin d'année, notamment grâce à l'accueil des collègues et amis syndicalistes du CEA. Leurs amitiés locales, à Bures et ailleurs, nous ont ouvert de nombreuses portes.

Grâce à Jacques, et depuis maintenant plus de vingt ans, des amis musiciens offrent chaque année, à chaque printemps un concert de musique de chambre prisé à Orsay, en faveur d'Amnesty. Pour nous, ce concert sera désormais un hommage à la persévérance et à la générosité de Jacques et Denyse.

Car à plusieurs reprises lorsque notre groupe s'amenuisait, tous deux nous ont appris à ne pas nous décourager, à ne pas lâcher prise. Et pour cause : eux-mêmes ont été tellement fidèles, tellement tenaces, pour des causes qui sont dures et longues à défendre. Constance et ténacité, parlons-en : tous les deux ont rejoint Amnesty en 1982 ! plus de 30 ans de militantisme, une vraie leçon pour nous tous!

Que de lettres ils auront écrites, de leur plume élégante, toujours très polies dans la forme mais impitoyables sur le fond, pour apostropher les dictateurs des cinq continents, les tortionnaires des geôles du monde entier, les juges ou les procureurs acharnés à condamner des femmes et des hommes à mort.

Ces dernières années nous les avons invités à se ménager un peu, mais leur âme de militant les a poussés à rester présents, debout,  et Jacques, malgré ses 80 ans passés, toujours le premier volontaire, toujours partant pour aider, téléphoner à un tel ou un tel, poser des affiches, ...

Nous aurons longtemps en mémoire l'image de Jacques et Denyse, tendrement assis côte à côte à chacune de nos réunions, apportant avec justesse et bonhomie leur avis de vieux militants à nos discussions. Et Denyse glissant de petits mots en douce à Jacques quand son oreille à lui ne fut plus aussi fine.

Alors, très sincèrement et avec une très grande émotion, nous te disons adieu Jacques, et à tous les deux, merci pour tout ce que vous nous avez donné.

Jacques est décédé le 29 juin  2014, Denyse le 26 septembre 2011

Indignation partagée 
Extrait de la "REVUE REGAIN"  (6 juin 2014)
http://www.revueregain.com/une-expulsion-de-roms-comme-les-autres/

"Une expulsion de Roms comme les autres ?

J'écris pour vous faire part de mon indignation et de ma colère. Le dimanche 1er juin, nous avons été informés de l’expulsion imminente des Roms de l’usine Galland à Palaiseau. Les jeunes de Palaiseau ont alors décidé de lancer un appel à se rassembler dès 4h du matin devant l’usine pour soutenir les Roms et les organisations présentes (Savalferr et Intermèdes Robinson).

Une mobilisation policière… ET CITOYENNE
A 4h15, nous étions une dizaine, puis 20, puis 30, rejoints par des jeunes, des citoyens indignés, quelques élus, et ceux qui avaient dormi dans le camp la nuit. Nous avons déjeuné tous ensemble dans le camp autour d’un feu. Télé Essonne, France Culture et France 3 étaient présents. Finalement, nous étions 70, c’est-à-dire plus nombreux que les Roms eux-mêmes.

Les expulsions ayant commencé depuis une semaine, il ne restait plus que quelques familles dans le camp. Tout s’est passé « dans le calme » malgré quelques accrochages avec la police ou avec certains riverains soulagés que leurs pétitions aient abouti. Le fait est que le débarquement de la police, rempli de violence symbolique, était impressionnant. En tant que jeunes citoyens, nous avons été confrontés à notre impuissance devant cette autorité de l’Etat incarnée dans un simple képi. « Je suis là en tant que professionnel, pas en tant que citoyen », nous disait un des policiers qui chipotait sur une ligne imaginaire à ne pas dépasser, alors que le maire circulait à son aise. Cela veut donc dire que le métier de policier est devenu contraire aux principes et aux valeurs propres à la citoyenneté. C’est révoltant mais on a pu montrer qu’on était contre et on était nombreux.

Une volonté claire de désintégrer…
Les Roms doivent être hébergés dans le sud-est de l’Essonne, les enfants seront à plus d’une heure de leur école. C’est ridicule, ils auraient pu avoir l’humanité de les laisser finir l’année.
Je n’oublierai jamais les larmes de la maman, les embrassades, les « si on ne trouve rien, vous viendrez chez nous », mais je n’oublierai pas non plus la vision des Roms répartis en lignes, une vision teintée « années 30″, empreinte d’ambiance fasciste et raciste.

Je ne suis restée que jusqu’à 8h du matin et les procédures n’étaient pas terminées mais les dernières nouvelles ne sont pas bonnes, le Préfet serait loin d’avoir tenu ses promesses… Finalement, une grande partie des expulsés a rejoint un autre camp à Balainvilliers.
Nicolae, qui avait commencé des études de droit à la fac d’Orsay a été hébergé dans une chambre à Savigny : « on était beaucoup mieux dans le camp, il y avait de l’espace. Là, on est à trois dans une petite chambre, sans toilettes, sans cuisine, sans salle de bains ».

Un long travail de citoyenneté à venir…
Je regrette que notre groupe Amnesty ne se soit pas davantage investi pour ces Roms, je m’en suis voulu (habitant à côté) parce que ce n’était que la deuxième fois que j’entrais dans ce camp, et j’espère qu’à l’avenir nous pourrons engager des actions en plus étroite collaboration avec ces associations au sein desquelles des personnes merveilleuses luttent par tous les moyens légaux contre ces traitements inhumains.

Quoiqu’il en soit, les citoyens présents ont décidé de ne « pas lâcher l’affaire ».
Nous avons tous été profondément marqués par cet épisode inhumain et rempli de haine. Nous nous sommes tous retrouvés pour une première réunion ce jeudi 5 juin devant l’usine Galland afin de discuter des actions de sensibilisation citoyenne et solidaire que nous pourrions mettre en place. Nous avons pu constater l’incroyable déploiement de moyens pour nettoyer la rivière, bloquer le passage, détruire tout le camp. Peut-être cela aurait-il coûté moins cher d’installer des toilettes sèches… ?
Finalement, je pense que cela devrait être au programme d’éducation civique: assister à une expulsion de femmes, d’hommes et d’enfants qui dérangeaient parce qu’on n’a pas voulu leur donner des conditions de vie normale. Ces expulsions sont nombreuses et souvent beaucoup plus violentes, le contexte fascisant que l’on connaît est alarmant mais nous, citoyens solidaires et humanistes, NOUS NE LACHERONS PAS L’AFFAIRE !

Solène